En réponse à l’article récemment publié par un de nos concurrents, nous tenons à clarifier plusieurs points essentiels qui ont été soit mal interprétés, soit délibérément ignorés, concernant la ponction ovocytaire et l’ICSI. Il y a fort à croire que cette technique de reproduction moderne fait d’abord peur à leur développement commercial et au maintien de prix de saillie élevés ainsi qu’à des conditions de paiement qu’ils maîtrisent et qui leur sont favorables.

Bien sûr, camoufler des idées reçues sous forme de doutes est très malin et beaucoup de leurs clients prêteront une oreille attentive à un discours presque populiste, mais nous encourageons les personnes qui se posent des questions légitimes à nous en rendre compte.

Si nous sommes aussi des acteurs commerciaux engagés dans la technique, nous avons à notre crédit une réelle expérience technique, un attachement au bien-être animal et une connaissance scientifique supérieure à celle des rédacteurs de cet article. Nous encourageons donc les personnes qui ont lu cet article à accorder peu de crédit à :

⛔Facteurs économiques

Premièrement, l’article qui se base sur des données obsolètes, remontant à plus de neuf ans, pour minimiser l’impact économique de l’ICSI sur les éleveurs dans le domaine de la production d’embryons. Cette approche ignore les avancées scientifiques et technologiques récentes qui ont significativement amélioré les rendements et la rentabilité de cette technique.

En 2023-24 le taux d’embryons congelés par ICSI a été de 2,5 . A l’implantation 75% des embryons ont conduit à une gestation confirmée à 45 jours , ajouter 5% d’avortement : Une iCSI conduit à 1,6 poulains par ICSI en comparaison du transfert d’embryon avec une semence normale (50% de fertilité par cycle) : 0,35 poulain par Transfert d’embryon . Le doute sur l’intéret de l’ICSI n’est pas permis 

⛔La sélection Naturelle

Deuxièmement, l’affirmation selon laquelle l’ICSI ignore les principes de la spermatogenèse et de la fécondation en préconisant la puissante sélection naturelle d’un “génotype fécondant” au sein du tractus génital est un non-sens scientifique. En réalité, l’ICSI permet de contourner divers obstacles reproductifs, y compris ceux liés à la mobilité défectueuse des spermatozoïdes. Il est très séduisant de croire que c’est le spermatozoïde fécondant qui gagne une « course » qui sera le meilleur individu, mais il n’en est rien : le demi-patrimoine génétique porté par le spermatozoïde est absolument sans relation avec la mobilité de celui-ci. En d’autres termes, un patrimoine génétique « faible » peut très bien être porté par un spermatozoïde véloce ; c’est donc le même processus aléatoire qui prévaut en ICSI et dans le milieu naturel.

Ce doute a été émis en 1994 par le commité d’éthique national sur l’ART , depuis ce doute très anthorpomorphique a été lévé et plusieurs centaines de milliers d’enfant voit le jour chaque année par ICSI, notre concurent reprend des arguments datant de l’époque ou il se battait pour lutter contre les idées reçues sur le transfert d’embryon. 

⛔ Les autorités de régulation

Troisièmement, il est incorrect de suggérer une absence de régulation ou de surveillance des pratiques d’ICSI. Nos centres sont régulièrement inspectés et certifiés par la Direction Départementale de Protection des Populations, assurant ainsi le respect strict des normes sanitaires et de bien-être animal, ainsi bien sûr que tout transport de gamètes (ovocytes et sperme).

Règlement Délégué (UE) 2020/692 de la Commission

Ce règlement délégué complète le Règlement sur la santé animale et spécifie les règles pour le mouvement et le commerce des animaux reproducteurs au sein de l’UE. Il inclut des dispositions spécifiques pour le transport et le transfert d’embryons équins, les exigences en termes de biosécurité et les normes de santé animale que les centres doivent respecter.

⛔La démographie des juments

Quatrièmement, l’article altère les faits concernant la composition démographique des juments utilisées pour l’ICSI, suggérant une régression du progrès génétique. Or, l’âge moyen des juments participant à l’ICSI est comparable, à quelques mois près, à celui des juments subissant l’insémination artificielle, ne justifiant aucune conclusion hâtive sur une dégradation génétique. La perte de diversité génétique est quant à elle plus à porter à l’insémination lorsque des étalons saillissent 800 juments.

Au centre de Châtenay l’âge moyen de la population de jument pendant la saison de reproduction classique 2023 (IA) et l’intersaison 2023-24 (ICSI) était de 12 vs 13 ans sur une opulation de 220 juments vs 120

⛔La santé des poulains issus d’ICSI

Cinquièmement, les allégations relatives aux risques accrus d’anomalies chromosomiques avec l’ICSI ne sont étayées par aucune source scientifique vérifiable. Il est important de noter que, chez l’homme, les risques de malformations associés à l’ICSI sont dus à l’augmentation du taux des gestations gémellaires (entraînant plus de malformations, 4 %) qui résultent souvent de la transplantation de plusieurs embryons chez des femmes à fertilité réduite, ce qui n’est pas comparable avec nos pratiques où chaque transfert est fait avec un unique embryon.

Epigenetic Risks of Medically Assisted Reproduction (Romualdo Sciorio1,* and Nady El Hajj2)

Body composition in children and adolescents born after in vitro fertilization or spontaneous conception (Manon Ceelen 1, Mirjam M van Weissenbruch, Jan C Roos, Jan P W Vermeiden, Flora E van Leeuwen, Henriette A Delemarre-van de Waal)

Assisted reproductive technology surveillance–United States, 2002

Victoria Clay Wright, Laura A Schieve, Meredith A Reynolds, Gary Jeng; Division of Reproductive Health, National Center for Chronic Disease Prevention and Health Promotion, Centers for Disease Control and Prevention (CDC)

⛔L’administration

Sixièmement, l’auteur laisse penser que rien ne permet d’identifier les chevaux nés d’ICSI, cela est sans savoir que pour déclarer un poulain né d’ICSI, le propriétaire doit fournir un certificat de production et d’implantation de l’embryon. Si ces données vétérinaires ne sont pas disponibles pour notre concurrent, tout cela est bien enregistré et suivi à l’IFCE.

⛔Le respect de la propriété

Enfin, nous notons avec préoccupation la proposition de notre concurrent souhaitant rendre déclaratif le nombre d’embryons produits par technique d’ICSI. Nous tenons à rappeler que la propriété et la gestion des embryons relèvent du droit inaltérable de chaque propriétaire d’équidés. Les propriétaires ont la liberté de décider de la divulgation ou non des informations concernant leur patrimoine génétique, une liberté qui respecte la confidentialité et les intérêts commerciaux individuels.

Soulignons une inconsistance dans la demande de notre concurrent. Alors que l’ICSI peut effectivement permettre la production de plusieurs embryons par session, typiquement 2,5 par session, il n’existe aucune exigence similaire concernant le nombre de poulains qu’une jument peut produire via l’insémination artificielle au cours de sa vie. Cette différence de traitement soulève des questions d’équité et de respect des pratiques établies dans le secteur de l’élevage équin.

Nous défendons fermement le principe que les pratiques de reproduction, y compris l’utilisation de l’ICSI, doivent rester sous le contrôle des propriétaires d’équidés, sans ingérence externe qui pourrait compromettre l’autonomie et les intérêts des éleveurs. Nous encourageons une approche qui respecte non seulement les avancées technologiques mais aussi les droits et les responsabilités des propriétaires.

Nous encourageons une évaluation rigoureuse et éclairée de l’ICSI, basée sur des données scientifiques actuelles et vérifiables. En tant qu’acteurs engagés dans la diffusion de techniques reproductives avancées, nous restons dédiés à la transparence, à l’excellence scientifique et au bien-être animal.”

Sébastien NEYRAT